Au rythme des éléphants
Passer un moment avec cet animal emblématique de Thaïlande était un rêve mais à quelques jours du départ rien n’était gagné pour le réaliser. Les offres sont assez variées sur internet pour ce type de journée avec les éléphants, mais plutôt dans le nord du pays. Manque de bol pour notre court séjour, si on ne voulait pas passer trois jours dans les transports, il fallait trouver un compromis plus proche tout en préservant l’aspect éthique du parc qui me tenait vraiment à coeur. Par chance, je suis tombée sur le site d’un français amoureux de ces sympathiques pachydermes où ils vous expliquent leur histoire, leurs projets et leurs différents types d’accueil: ganeshapark .
On finit donc par réserver notre journée avec les éléphants. Un trajet d’environ 7h au total : en minibus de Bangkok à Kachanaburi puis le reste en taxi. Pour le retour, nous avons testé une option -un peu- plus longue : 200Km de train sur le « Chemin de fer de la mort » et je ne contredirai pas cette dénomination (sueur et fatigue au rendez-vous), mais sans regret pour avoir découvert de jolis paysages de montagnes, une jungle luxuriante, une foule d’individus marquants tout au long du voyage, jusqu’au fameux pont de la rivière Kwaï!
Notre arrivée était donc tardive dans ce parc où après un dîner assez frugal et une première rencontre avec les « nouveaux arrivants », nous avons regagné notre chambre sur raft. Arrive ensuite le moment où il faut mettre de côté tout espoir de confort! On oublie les draps blancs immaculés, la douche avec un minimum de pression et on dit bonjour aux scorpions, poissons et araignées. Après avoir tenté d’identifier les bruits de la nature environnante (grenouilles, chiens, moustiques, sans compter les animaux imaginaires…) on finit par s’endormir dans ces drôles de cabanes sur l’eau.
6h le lendemain, le barrissement des éléphants nous alerte que la journée va commencer. Réveil immédiat, lumière laissant apparaître le décor que nous ne percevions pas la veille. Un sentiment de calme et de sérénité ambiante régnait. Après le petit-déjeuner des « hommes » c’est au tour des éléphants de commencer leur premier stock de bananes. On les approche doucement, on n’ose pas trop au début, on a peur de se prendre un coup d’oreille, de trompe ou de se faire écraser par leurs énormes pattes telle une bouillie de banane.
On découvre au contraire la bienveillance de l’éléphant qui repère notre présence et notre position exacte, ses gestes sont doux, maîtrisés, majestueux. On touche délicatement leur peau rugueuse, on tente de déposer une petite banane dans leur trompe. La confiance s’installe. Il ne faut cependant pas s’aventurer à l’arrière des éléphants sous peine de se prendre une batte de base-ball avec extrémité fil de fer en prime dans la figure.
Une fois les présentations faites avec les éléphantes, les mahouts (guides et soigneurs) et notre petit groupe de français ébahis, nous commençons par les monter à cru, pas plus de deux adultes sur le dos d’un éléphant ce qui revient proportionnellement à la masse d’un chat pour nous. Nous les accompagnons pour une balade vers le lac. Tout le monde n’est pas sur leur dos. Sur le chemin de retour j’ai aussi apprécié marcher à leurs côtés, voir leurs expressions, réaliser leur masse immense sous différents angles…. “Ah oui quand même ça prend de la place!”
Dans l’eau, c’est un spectacle de cirque, ils adorent jouer, éclabousser, s’immerger en nous laissant descendre de leur dos, puis replonger pour nous permettre de remonter et toujours avec une douceur assez étonnante. L’heure du bain terminée, on retourne se mettre à l’ombre car la chaleur est accablante. C’est à nouveau l’heure de manger. On leur prépare un régiment de feuilles de bananier et plus tard une mixture composée de farine de manioc, de sel et de riz qu’elles vont engloutir comme des petits bonbons. Leur langue impressionnante n’avalera pas nos mains, mais on n’osera pas s’aventurer trop loin.
L’après-midi accordera à tout le monde du temps pour se reposer durant les heures les plus chaudes, avant de reprendre les mêmes rituels gastronomiques, de promenade et de baignade que le matin.
On adopte alors ce nouveau rythme de géant, une lenteur habile, un équilibre heureux qu’il nous faudrait tant imiter dans notre quotidien français.